L’Essence de la marche


Ce projet a été mis en place avec Mathias Padlewski, Dorothée Lombard et Angélique Huguenin lors d’une résidence de deux semaines dans le cadre de l’été culturel 2024 à Marseille.

Nous avons proposé au sein du Port Antique, une balade ponctuée d'événements sonores, d'objets à manipuler et de choses à toucher. Cette balade a été l'occasion de soulever l'importance du toucher dans notre lecture du monde et la prédominance de la vue, que ce soit dans l'espace public ou dans les lieux d'exposition.

Nous avons travaillé avec l’association La Luciole car elle est porteuse de projets de sensibilisation par le son et milite pour l’appropriation de la ville par les déficient·es visuel·les. La Luciole est une passerelle entre les personnes handicapées et les personnes valides. Elle porte la voix des personnes handicapées là où on ne l'attend pas, et promeut la personne en situation de handicap comme un citoyen à
part entière.


La résidence

1er - 12 juillet
Cette résidence de deux semaines visait à interroger  et approfondir  notre capacité à partager aux autres nos perceptions. Elle a été l’occasion d’explorer la diversité des sensations provoquées par un même lieu.

L’espace public, par son aménagement, les flux qui le traversent, ses ambiances sonores comme ses nuisances, propose des expériences multiples. De plus, nous n’appréhendons pas de la même manière ces situations en fonction de notre genre, groupe social ou de nos handicaps... Dans une société où la vue est le sens le plus sollicité et valorisé, nous souhaitons rendre compte de l’importance des autres sens dans l’appréhension de notre environnement, afin d’ouvrir nos représentations du monde, mais aussi d’en améliorer son accessibilité.

Réalisation d’une maquette objective et subjective du port antique.


La maquette objective devait permettre aux personnes non voyantes de comprendre l’espace du port antique.
La maquette subjective partait du ressenti d’Angélique et Dorothée ayant touchés certaines parties du port comme l’arbre, le mur, l’ascenseur. Ces éléments étaient leur point de repère dans l’espace.

La maquette objective était présentée au début de la balade, à l’entrée du Port Antique, elle était surtout destinée aux personnes déficientes visuelles. Alors que la maquette subjective l’était à la fin de la balade.

Des lectures de textes qui nous ont inspirés


Nous nous sommes mutuellement lu des textes durant la résidence, nous les avons à nouveau lus lors de la balade.
Pendant que les participant·es découvrent avec leurs mains un mur, vestige d’une tour de défense (la tour Penchée), je leur lis un extrait du livre Déficience visuelle et urbanisme de Jean-François Hugues.




Création des tablettes de plâtre 


D’abord, dans une plaque d’argile enfoncée dans une barquette, on creuse et on modèle en négatif. On vient ensuite la recouvrir de plâtre. Puis on démoule et on obtient le positif en plâtre. 
Les tablettes de plâtre se situaient dans un carré entouré de murs, elles étaient disposées sur les différentes hauteurs de ces murs. Les participant·es avaient pour la plupart les yeux bandés et découvraient en tâtonnant les tablettes en longeant le mur.

L’inventaire est une liste d’objets, de sons perçus comme des obstacles présents dans l’espace public.  






Création d’un objet à manipuler


Le bouclier en forme d’œil est un objet que nous avons imaginé pour cacher la vue des voyants durant une partie de la marche. 
En défilant avec ce bouclier qui passe de mains en mains nous entendons L’Inventaire d’obstacles. Une création sonore qui témoigne de la difficulté pour les personnes non voyantes de se déplacer dans l’espace public, parfois à cause de l’architecture des rues, parfois à cause des autres êtres humain·es.



Tandis que les participant·es s’assoient autour d’un arbre, Mathias commence à lire un extrait du livre Le banc est dur de Hannes Böhringer.  



Créations de bandes sonores à diffuser


Des bandes sonores sont diffusées à certains points de la balade comme L’inventaire durant le défilé avec le bouclier.

Durant cette résidence nous avons beaucoup échangé sur l’accessibilité de l’espace public, et enregistré nos conversations. Avec Angélique et Dorothée nous avons discuté de La rue idéale. Un extrait est diffusé dans un abat-bruit, un objet à la forme d’un entonnoir renversé sur lequel il faut coller son oreille pour pouvoir écouter ce qui s’y raconte.






Parcours Urbain accompagne notre marche jusqu’à un arbre, cet enregistrement de Dorothée accentue l’aspect bruyant de Marseille qui peut rendre la ville impraticable lorsque nous nous repérons grâce aux sons.



Une fois assis au pied de cet arbre, les Cigales introduisent la lecture de Dorothée d’un extrait du livre de René Frégni, Les gabians se lèvent à 5 heures.

Angélique et Mathias interprètent un passage du Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry. L’enregistrement sera diffusé à la fin de notre balade au port Antique.
Notre balade se termine dans un ascenseur où chacun·e peut écouter dans un casque et dans le noir une création collective ( L’ascenseur  de Dorothée, Mathias et Angélique) qui nous emmène vers un dernier voyage. 

Dorothée, Angélique et Mathias assis sur un banc lors de notre première visite du Port Antique.